Cet article est paru dans le
International Orthodontics 2009; 7 : 227-256
Dans cet article est décrit la technique de correction ostéopathique de la
déglutition a été mise au point par J.M. Landouzy.
Cette partie est en copyright et ne peut être utilisée qu'avec l'autorisation
expresse et écrite de JM Landouzy.
LA LANGUE - LA DEGLUTITION
– Les fonctions oro-faciales – la
croissance crânio-faciale
1 - Jean-Marie LANDOUZY, 2 – Anne SERGENT DELATTRE, 3 –
Raphaël FENART, 4 - Benoît DELATTRE, 5 - Jacques CLAIRE – 6 – Marion BIECQ
RESUME : Les déglutitions dites "primaires" ou "infantiles"
appelées encore dyspraxies linguales bénéficient de multiples traitements de la
part des orthodontistes qui utilisent des appareillages divers pour les corriger
et de prise en charge par les orthophonistes et les masseurs-kinésithérapeutes.
Les résultats obtenus sont souvent instables. Nous développons une approche plus
holistique de cette dysfonction en essayant d'en comprendre les mécanismes pour
permettre une correction plus satisfaisante. En permettant de donner rapidement
une déglutition salivaire normale la technique manuelle ostéopathique se trouve
être complémentaire de celles qui utilisent une rééducation volontaire en
inscrivant dans le schéma corporel "l'image motrice" de l'acte à accomplir.
Afin de rendre cet exposé plus facile et vivant nous avons
choisi de faire parler la langue. Ce qui en soi, est un peu normal !
MOTS CLES : Déglutition, Langue, Fonctions oro-faciales,
Croissance crânio-faciale, Posture, Occlusion dentaire, Occlusion labiale,
Mandibule, Os Hyoïde, Muscles, Praxie, Dyspraxie, Ontogenèse, Image motrice.
1 – J.M.L MKDE, Ostéopathe, 310, rue Solferino 59000 LILLE
2 – A.S.D D.C.D. 21, rue des Dames 59144 JENLAIN
3 – R.F. Dir.Hon. de Recherche au C.N.R.S. 7 rue Delecourt
59130 LAMBERSART
4 – B.D. DCD 6, rue G Depret 59600 ASSEVENT
5 - J.C DCD 10, rue David d'Angers 59140 DUNKERQUE
6 - MB – DCD SQODF, 17 bd Vauban 59000
LILLE
histoire de Langue
"Bonjour, je suis la langue".
Figure 1 – je me présente
On me définit comme un organe musculeux, mobile,
généralement allongé, situé dans la cavité buccale. Je peux dire que mon nom est
mis à toutes "sauces" car il représente aussi un système de signes vocaux et/ou
graphiques, conventionnels, utilisés par un groupe d'individus pour l'expression
du mental et de la communication. Je suis, aussi, l'organe de la parole. Et je
suis associée à nombre de citations comme celle d'Esope qui disait que j'étais
"la meilleure et la pire des choses".
J'ai fait l'objet de nombreuses études sur mes fonctions,
mes capacités et surtout mes dysfonctions qui sont à l'origine de nombreux
troubles. On a toujours essayé de me forcer à me positionner, pour jouer mes
différents rôles, sans jamais prendre mon avis, car je suis "bonne fille", je me
plie facilement à beaucoup de contraintes. Je vais essayer de m'expliquer afin
que l'on arrive à me comprendre pour mieux m'aider à corriger mes défauts. J'ai
choisi de me confier à mes amis qui ont réalisé une synthèse de mes capacités.
Ma vie et mes fonctions commencent très tôt;
IN UTERO
Mon origine embryologique est complexe car je suis issue de
muscles rachidiens incorporés secondairement à l'extrémité céphalique et
qui, de plus, ont migrés ventralement en contournant la zone branchiomérique
pour venir "coloniser" des tubercules (un médian et deux latéraux situés à la
partie ventrale des deux premiers arcs branchiaux).
Figure 2 – Schémas de mon développement embryologique ( R.
Fenart).
C'est plus en arrière, sur les copules des arcs 3 et 4 que
naîtra l'épiglotte. Je vois apparaître les bourgeons qui, en me surplombant et
en se soudant, donneront la voûte palatine.
Figure 3 - Schémas de mon développement embryologique (R.
Fenart).
C'est alors que la bouche devient véritablement mon
domaine.
Je commence très tôt ma fonction, juste après le cœur qui
commence à battre au 45e jour. Moi je commence à déglutir aux
environs du 75e jour et, chose importante, ma fonction, coïncide avec
une déflexion de la tête et la possibilité, pour le fœtus, de porter les
mains aux lèvres. De cette façon mon jeune propriétaire a la possibilité de
sucer son pouce, s'il le désire, avant la naissance. Ma fonction première est
d'avaler du liquide amniotique pour activer la fonction du rein.
Figure 4 - succion du pouce chez le foetus
A la naissance.
Dès la naissance, je dois m'occuper de nourrir mon
propriétaire en aspirant le lait par la succion du téton du sein ou de la tétine
du biberon. Il m'appartient aussi de protéger mon domaine, la cavité buccale,
des intrusions intempestives. C'est la raison pour laquelle vous verrez mon
"bout" pointer entre les lèvres de votre bébé. Normalement je devrais réintégrer
la bouche dès que le danger d'intrusions sera écarté. Je vais adapter ma
position pour pleurer et crier, pour manifester la faim, la douleur ou le
mécontentement, mais aussi pour gazouiller, pour afficher la satisfaction et le
bonheur.
Pendant cette période je suis seule dans mon "antre". Mes
voisins sont les tissus mous qui recouvrent le maxillaire et la mandibule, ainsi
que les joues et les lèvres. Mon espace est restreint car la forme de la
mandibule est plate. Comme je n'aime pas être sèche, je baigne dans un liquide,
la salive, qui est produit constamment et que je dois éliminer en l'avalant
régulièrement pour éviter qu'elle ne s'écoule à l'extérieur, ce qui est
particulièrement inesthétique . Au cours de cette période, si je n'y ai pas été
confronté in utero, je devrais peut-être m'adapter à l'introduction permanente,
dans mon espace, d'un pouce, d'une tétine ou d'une "doudou" (espèce de magma
informe de tissu au goût plus que douteux). Je suis en effet douée de
perceptions subtiles dont la première est le goût qui permet de renseigner le
cerveau sur ce qui se trouve dans mon espace.
Au cours de l'enfance.
Mes fonctions augmentent et se diversifient au fur et à
mesure de la croissance et de l'évolution psychomotrice. Tout ceci est possible
grâce à une innervation motrice et sensitive qui me permet d'apprendre et de
mémoriser mes acquisitions.
Mon innervation
La déglutition, l'une de mes grandes fonctions, s'effectue
sous un contrôle neurologique complexe :
1.
Des récepteurs sensitifs informent un centre cortical (volontaire)
et les centres bulbaires (réflexes) par les nerfs crâniens
V, IX et X.
2.
Un contrôle extra-pyramidal et cérébelleux complète les informations du
centre cortical vers les centres bulbaires.
3.
Les centres bulbaires agissent sur les muscles effecteurs par les nerfs
V, VII, IX, X, XII.
Variations de mon espace
Mon espace commence à se réduire dès l'apparition des
dents. Cela commence par les incisives centrales qui apparaissent entre 6 à 8
mois, puis les latérales entre 8 et 10 mois, les canines entre 10 et 12 mois,
les premières molaires entre de 12 et 16 mois et, enfin les deuxièmes molaires
entre 20 et 24 mois. Les prémolaires sont absentes de la dentition lactéale.
Avec l'apparition des dents, je constate une modification
de la texture des aliments et, normalement le téton ou la tétine disparaissent
(pour l'alimentation et pas forcément pour le suçage) au profit de la cuillère
qui est chargée d'introduire la nourriture dans mon espace. Les liquides seront
bientôt déversés par le verre. Il me faut alors commencer à diriger les aliments
vers les dents pour y être broyés et je dois me méfier de mes "voisines" si je
ne veux pas me faire mordre.
Si je participe toujours aux pleurs et aux cris, je dois
commencer à répéter des sons entendus par l'oreille. Je dois coordonner ma
position et mes mouvements avec les lèvres et les positions maxillo-mandibulaires
pour que l'air expiré produise le son désiré.
Il ne faut pas oublier ma fonction gustative dont la zone
se trouve au niveau de mon V lingal avec l'intervention de la corde du tympan
(voir figure 2)
Entre ces périodes d'activité intense je ne suis pas pour
autant au repos, il me faut avaler régulièrement la salive pour éviter de baver.
Normalement, à cette période, j'ai quitté ma position antérieure (n'ayant plus,
véritablement à m'opposer à des intrusions involontaires indésirables) pour une
position plus en retrait. Ma position dans la cavité buccale n'est pas le fait
de mon seul "bon vouloir". En effet, il arrive que je sois obligée de prendre
une position anormale, lorsque mon frein est trop court ou le nez bouché qui
entraîne une ouverture buccale permanente assurer la ventilation. Il y a, aussi,
bien d'autres causes.
Ma participation à la croissance crânio-faciale.
Mon espace se modifie tout au long de la croissance et je
participe à son "formatage".
]A.
Biourge :
"La langue est l'âme qui détermine la forme et la
grandeur des arcades dentaires" (au cours de la croissance).
Car je suis capable du meilleur comme du pire.
Souvenez-vous d'Ésope : "La langue est la meilleure et
la pire des choses" a-t-il affirmé en servant deux fois de la langue à son
maître, qui lui avait demandé de lui servir deux plats, le meilleur et le pire.
Bien sûr il parlait de moi comme organe de la parole, mais pour le reste il en
va de même. Il est vrai aussi qu'en français, le mot langue est utilisé,
on peut dire, à "toutes les sauces".
En regardant l'évolution de la forme de la mandibule au
cours de la croissance on se rend compte combien mon espace est susceptible de
varier en volume et en forme.
Figure 5 :
[2]Variations
de la forme de la mandibule et du crâne entre la vie utérine et l'âge adulte (R.Fenart).
Voyez sur ces photos les modifications de forme et de
volume de la bouche entre le fœtus et l'adulte.
A la vue de ces images on réalise que mon espace se
transforme de manière importante au cours de la croissance. Les causes de ces
modifications sont multiples. Outre la croissance des os du crâne on s'aperçoit
que la position de la tête se modifie. Ces photos ont été réalisées en
orientation vestibulaire de manière à ce que les repères utilisés soient
invariables et que seules soient pris en compte les modifications de formes,
grandeur et de position.
Figure 6 - Jean
Delaire nous donne une autre vision de ces modifications par des tracés
céphalométriques sur des crânes à différents âges..
Voyez les différentes formes de mandibule auxquelles je
m'adapte.
Figure 7 - Formes de la mandibule au cours de la vie.
C'est pour cela que mon volume et ma forme varient. On m'a
souvent accusée d'être hypertrophique (macroglossie). En réalité, lorsque je
suis trop grosse ou trop petite (microglossie), l’anomalie de ma taille est en
relation avec une anomalie génétique (syndrome de Robin ou de Wiedmann Becwith
par exemple). Au cours de mon histoire j'ai été l'objet de glossotomies
intempestives pour corriger ma position dans la cavité buccale. Cette chirurgie
a été abandonnée car les récidives étaient trop fréquentes. Ce qui a prouvé que
ma position "anormale" n'était pas en relation avec mon volume.
Une autre raison qui peut fait croire à mon hypertrophie a
été décrite par Bonvivier A. Bilocque
[4]
qui ont démontré qu'il existe un déséquilibre entre ma taille et celle des
arcades dentaires. J'atteins très tôt un gros pourcentage de ma taille adulte.
Le volume des maxillaires, au cours de la croissance, sera multiplié par 5
tandis que mon volume est multiplié par 2.
R. Fenart
[5]
a calculé, par le procédé des ellipsoïdes irréguliers, un volume
buccal squelettique, à limites anatomiques précises, sur 9 stades
ontogéniques allant du fœtus de 5 mois à l'adulte. Il est :
·
5 fois plus grand (4 cm3) à
la naissance que chez le fœtus de 5 mois (0,8 cm3 ),
·
4 fois plus grand chez l'enfant de 4
ans (16 cm3) qu'à la naissance
·
3 fois plus grand chez l'adulte (48 cm3)
qu'à 4 ans.
C'est dans cet espace que je me développe.
Comme il me revient la tâche de formater la cavité buccale,
il est normal que mon volume soit supérieur à celui de mon contenant, au cours
de la croissance crânio-faciale. Je ne peux formater un espace que si je suis
plus grosse que cet espace et forte que les éléments qui le composent.
Si mon volume est anormal (macro ou microglossie) la
croissance des maxillaires sera très perturbée.
Et, si ma position dans la cavité buccale est anormale,
j'exercerais des forces qui perturberont le placement des dents et la croissance
maxillo-faciale. En effet si je suis bien centrée dans la cavité buccale,
mon action sera normale et bénéfique parce que symétrique. Si, pour différentes
raisons, je me trouve dans une position anormale et excentrée, je vais formater
ma cavité selon ma position et entraîner des dysmorphoses osseuses et dentaires.
Pourquoi ma position en mouvement et en position statique
est-elle aussi variable ?
Les variations de mes positions statiques et dynamiques ne
sont que les conséquences de l'obligation, qui m'est faite, de m'adapter à tout.
Si un pouce ou une tétine envahit mon espace je dois les supporter et m'en
accommoder. Si l'objet se trouve à droite je suis obligé de me mettre à gauche
et au cours des déglutitions que je vais effectuer avec mon "intrus" et je
garderai cette position lorsque mon "intrus" aura disparu. Des tensions
musculaires anormales se créent et je conserve cette mauvaise position. En
dehors de la succion d'un objet il existe beaucoup d'autres causes à mon
adaptation posturale. Une respiration buccale permanente m'oblige à déglutir
avec la bouche entre ouverte.
Si je m'habitue à beaucoup de choses je suis un peu
tatillonne sur mon espace.
Donders a décrit mes positions en fonction de la forme et
du volume de mon espace au cours de la pose de prothèses. Cette étude est
intéressante pour considérer tous les appareillages qui viennent envahir mon
espace pour traiter les dysmorphoses dento-maxillaires et éventuellement ma
posture. Car si je suis véritablement de bonne volonté, mes capacités
d'adaptation sont (presque) infinies, mais je ne peux conserver une position
normale dans un espace anormal.
Rappelez-vous Démosthène qui, pour éliminer une difficulté
à prononcer les "R", m'obligea à parler avec des cailloux dans la bouche.
Voyez les ventriloques, comment ils m'obligent à formuler
les sons avec la bouche fermée, en me passant de ma synergie avec les lèvres et
les dents. Avec un bon apprentissage, j'y arrive.
Mon espace se définit dans le plan frontal et sagittal.
Figure 8 : Si les arcades dentaires sont trop larges,
normales ou trop étroites, ma forme et ma posture varient.
[6]
Si je peux supporter un espace trop grand il me sera
difficile de m'adapter à une espace trop étroit. Je suis alors obligée de me
rétrécir en augmentant ma hauteur ou de m'étaler entre les arcades dentaires.
Mes fonctions en seront bien entendu modifiées et en particulier la déglutition
salivaire et l'élocution.
Dans le plan sagittal il en est de même.
Figure 9 : Position antérieure des incisives mandibulaires
avec une inclinaison trop importante qui entraîne une position plus antérieure
de la langue, une position normale et une position en arrière qui entraîne un
recul de la langue.
La forme du secteur antérieur dentaire est importante car
il conditionne, non seulement ma position, mais aussi celle des lèvres avec
lesquelles je travaille constamment en synergie, que ce soit pour déglutir ou
pour parler.
Le plafond de mon espace est le palais que je suis chargé
de formater. Si mon action est insuffisante un vérin, posé par un orthodontiste,
me remplacera, mais il va me plaquer contre le plancher de la bouche. Je devrais
accepter et me "caser" comme je peux pour remplir mes fonctions.
Ricketts
[7]
a bien compris les relations qui m'unissent à mon environnement musculaire et
osseux. Il décrit les positions dentaires et labiales compatibles et non
compatibles avec une déglutition normale.
Figure 10 : Position labiale permettent une déglutition
salivaire normale.
Figure 11 - Positions labiales et dentaires incompatibles
avec une déglutition salivaire normale.
Mon anatomie
Eustorg
de Beaulieu,
[8]
au 16e siècle, disait de moi :
Et par toi, langue, on cognoist clèrement
Du corps humain le vray
gouvernement
Duquel tu es l'un des plus
petits membres
Mon anatomie est complexe, à la mesure de mes performances.
Comme tout ce qui est digestif et viscéral, je suis recouverte d'une muqueuse.
Pour l'étude on me divise en plusieurs parties. D'avant en arrière on distingue
:
·
La pointe ou apex,
·
Le dos séparé de la base par le foramen caecum
linguae. (voir figure 2)
·
La base mène aux replis épiglotiques médian et latéraux
·
La racine est la région profonde implantée sur la mandibule
et l'os hyoïde.
Je suis une masse musculaire composée de 17 muscles dont 8
muscles pairs et un impair. Certains divisent mes muscles en deux groupes : les
muscles extrinsèques qui modifient ma position et des muscles intrinsèques qui
modifient ma forme.
[9]
selon Keith L; Moore Arthur F. Dalley.
Il est surtout intéressant de bien connaître mes insertions
car tout mon équilibre et mes fonctions dépendent de la manière dont je suis
attachée à mes structures.
On distingue les attaches postérieures, inférieures et
antérieures.
·
Les postérieures sont celles qui me relient à l'occipital par les
pharyngoglosses, qui m'attachent au constricteur du pharynx, par les
styloglosses qui me relient aux apophyses styloïdes des os temporaux et par les
staphyloglosses qui m'unissent au voile du palais.
·
Les inférieures qui me relient à l'os hyoïde : l'hyoglosse. le
lingual inférieur, le lingual supérieur qui s'attachent sur les petites cornes
de l'os hyoïde et dont le faisceau médian s'insère sur l'épiglotte, et le
ligament glosso—épiglotique médian.
·
Les antérieures qui me relient à la pointe de la mandibule et à
l'os hyoïde. En avant je suis fixée par le frein lingual.
o
Il faut ajouter mon insertion antérieure mobile qui est
ma pointe. Selon le travail à accomplir, elle viendra se fixer pour
déterminer un appui particulier destiné à permettre la mobilité du reste de mon
corps.
C'est pourquoi, au cours de la déglutition salivaire
normale, ma pointe se place, normalement, sur la papille rétro-incisive du
maxillaire pendant que mon corps s'élève et se postériorise pour envoyer la
salive dans l'œsophage.
Mes attaches déterminent une grande diversité de
possibilités mais aussi des contraintes par rapport à leurs positions.
De nombreux auteurs ont décrit l’équilibre de la tête, du
rachis cervical et de la mandibule qui me permet de trouver une posture
normale. Tout déséquilibre de cette trilogie modifie ma position.
Figure 12 : Jean Delaire considère avec raison que les articulations crânio-rachidiennes,
temporo-mandibulaires, le maxillaire, et la mandibule sont liés par l'équilibre
mutuel.
.
Figure 13 : Lejoyeux
[11]
nous montre ici la langue au centre d'un système qui englobe le rachis cervical,
le crâne, la mandibule et l'os hyoïde.
Figure 14 : Schéma de la rotation globale de la mandibule (R.
Fenart).
Raphaël Fenart
[12]
a déterminé que l'axe de rotation globale de la mandibule passait par le sommet
de l'apophyse odontoïde. La position de cet axe montre bien la dépendance de la
mandibule au rachis cervical.
La mobilité mandibulaire est soumise à la position de la
tête sur le rachis cervical. Une ouverture buccale effectuée avec la tête
tournée d'un côté détermine une déviation latérale de la mandibule du côté
opposé. Les orthodontistes rencontrent des dysmorphoses mandibulaires chez des
enfants présentant des torticolis congénitaux.
Mes fonctionnements et influences normaux
Mon action de formatage est plus forte lorsque je suis
seule dans la cavité buccale et s'accomplit soit par ma posture de repos, soit
au cours de la déglutition salivaire.
Ma posture
Ma position de repos comporte, comme pour tous les muscles,
un tonus musculaire qui détermine une force d'appui minime mais constante sur
mon environnement. Elle diffère selon mon âge. Lorsque je suis seule dans la
cavité buccale, in utero et à la naissance) je m’étale pour venir au contact des
joues et des lèvres. Et comment pourrais-je faire autrement puisque la mandibule
est presque plate et l’os hyoïde est très haut situé ?
Par la suite, les modifications de forme de la mandibule
s'effectuent en même temps que les dents apparaissent, que l'os hyoïde descend
et que la posture du corps change, passant de la position couchée à la position
assise. Je vais me "rétrécir" pour venir me caler contre les collets des dents
maxillaires en laissant un espace entre mon dos et la voûte du palais (appelé
espace de Donders), le voile du palais est apposé sur mon dos. Ma pointe se
trouve sur la papille rétro-incisive maxillaire.
Normalement, en position de repos, la bouche est
entr'ouverte laissant un espace libre vertical entre les arcades dentaires de 2
à 3 mm tandis que les lèvres jointes. L'os hyoïde est à environ 15 mm du bord
mandibulaire.
Lorsque je suis au repos, bien que passive, ma bonne
position permet de neutraliser la compression des arcades dentaires par les
lèvres et les joues.
Ma position de repos dépend aussi de la posture de la tête
et du rachis cervical car l'os hyoïde est relié à l'entonnoir thoracique et au
crâne. Et la mandibule adopte toujours une position en fonction de la position
de la tête sur le rachis cervical :
·
Si la tête est en extension la mandibule recule.
·
Si la tête est en flexion la mandibule avance.
Le bon équilibre de l'ensemble m'assure une posture
normale.
La déglutition
Je déglutis au cours de deux occasions bien distinctes :
·
pour l'alimentation (déglutition alimentaire)
·
pour éliminer la salive dont production est constante
Il est évident que les forces que j'exerce sur les dents et
les os de la cavité buccale sont plus importantes lorsque je suis seule ou que
je déglutis une quantité minime. En effet la présence du bol alimentaire ou d'un
volume important de liquide annihile une grande partie des forces appliquées sur
mon environnement.
D'autre part les actions de déglutitions nourricières sont
d'une fréquence moindre, donc limitées dans le temps. Il a été calculé que le
volume de salive déglutit en un an est supérieur au volume alimentaire.
[13]
La déglutition salivaire s'effectue entre 1.800 et 2.000
fois par jour dans toutes les positions possibles : debout, assise, couchée etc.
Qu'est-ce qu'une déglutition salivaire normale ?
Rouvière
[14]
le définit assez bien :
La déglutition salivaire s’effectue, normalement, bouche
fermée, c’est à dire en serrant les dents (intercuspidie dentaire) et en
joignant les lèvres (occlusion labiale parfaite).
"La pointe de la langue s’élève alors des incisives vers le
palais, tandis que son corps se déprime pour former une gouttière inclinée en
arrière vers le pharynx.
Les génioglosses relèvent la pointe, tandis que les
styloglosses, les hyoglosses et le lingual supérieur la creusent et la
projettent en arrière.
En même temps, le voile du palais s’élève et se porte au
devant de la paroi postérieure du pharynx, soulevée en bourrelet par le
constricteur supérieur, pour venir obturer les fosses nasales".
Dans ces conditions je reste au centre de la cavité
buccale et ma pointe se fixe au palais tandis qu'il se produit un
mouvement d'expansion sur le maxillaire par mes appuis latéraux sur les collets
des molaires et sur les piliers postérieurs du maxillaire. C'est la répartition
de ces forces sur le palais qui favorise la croissance du maxillaire, débouche
le sinus pour que les fosses nasales soient libres et que la ventilation nasale
s'effectue facilement.
La condition indispensable à cette position est : une cavité buccale doublement close par les dents et par les lèvres.
Mes pressions contribuent alors à la croissance oro-faciale
normale et symétrique et au bon placement des dents.
Chateau décrit très bien mon couloir d'influence :
Figure 15 : Le couloir de dentaire de Château.
Bien sûr je peux adopter d'autres formes de déglutition
salivaire de manière spontanée ou provoquée. En voici quelques exemples :
1.
Chez les suceurs de pouce attardés je continue à déglutir, comme j'en
avais l'habitude antérieurement. Je garde simplement la forme de succion -
déglutition que j'aie depuis le début de la vie.
2.
Chez les fumeurs de cigarettes, de cigare ou de pipe je peux,
heureusement, déglutir la salive avec les lèvres qui maintiennent la cigarette
ou les dents qui tiennent le cigare ou la pipe.
3.
Chez les plongeurs, j'arrive même à déglutir avec l'embout de l'appareil
respirateur entre les dents et les lèvres.
4.
Pire, chez les inconditionnels du piercing, je me débrouille avec la
barre qui me traverse et qui sert de défouloir au stress de mon "tortionnaire".
5.
. Enfin, dans certaines tribus qui pratiquent diverses mutilations, comme
les femmes à plateaux, j'assure encore mes fonctions en dépit de l'importance
des modifications de mon environnement.
Si j'arrive à assurer mes fonctions, il ne faut pas me
demander de garder mes appuis symétriques pour remplir mon rôle dans la
croissance crânio-faciale. D'ailleurs si j'arrive à assurer la déglutition
salivaire et alimentaire dans toutes les conditions, y compris lors de la prise
de boisson "à la régalade", bouche ouverte comme sur cette photo de Jean Sarsiat
c'est que je suis capable de modifier mes appuis pour effectuer le mouvement.
Figure 16 :
[15]Dans
le Béarn on boit "à la régalade" avec une gourde particulière.
mes dysfonctions
On appelle, globalement, ma dysfonction salivaire, en
souvenir de ma succion déglutition de jeunesse : déglutition primaire ou
infantile et d'une manière plus générale : dyspraxie linguale. Ce qui veut
dire que je déglutis avec une position proche de celle que j'avais avant
l'arrivée des dents et avant mon évolution psychomotrice.
Ma posture de repos sera, souvent, anormale et la
déglutition salivaire se fera en adoptant différentes positions de compensation
selon mon environnement immédiat et lointain et non de ma volonté.
Le plus souvent j'adapte 3 positions :
1.
Je me place entre les dents postérieures, c'est la déglutition avec
interposition postérieure.
2.
Je me place en avant entre les dents antérieures c'est la déglutition en
pulsion.
3.
Je me place en bas contre les incisives mandibulaires, c'est la
déglutition en langue basse.
Il arrive aussi que je sois obligée de combiner ces
positions entre elles. Chaque type de posture anormale et de dyspraxie aura des
conséquences générales et particulières sur la croissance crânio-faciale, le
placement des dents, le fonctionnement des articulations temporo-mandibulaires
et la posture du corps.
l'interposition postérieure
Lorsque je n'ai pas d'occlusion dentaire postérieure, mes
bords ne se trouvent pas calés et la désocclusion combinée à l'abaissement de la
mandibule favorise mon incursion entre les molaires. Si les arcades dentaires
sont béantes ou incomplètes je ne peux m'appuyer sur les dents écartées ou
absentes et donc mes bords latéraux viennent boucher les vides laissés par les
dents.
La désocclusion dentaire peut être liée à la posture
cervicale et céphalique. Une position céphalique et cervicale, par la tension
des muscles sous hyoïdiens, peut être responsable de l'abaissement, du recul
de la mandibule et de la désocclusion dentaire.
Il m'arrive aussi de provoquer cette désocclusion
postérieure lorsque mon espace est insuffisant, soit par une perte de dimension
verticale ou par un appareillage qui me comprime. Lorsque je suis très comprimée
j'exprime mon malaise par des glossodynies. (brûlures et picotements de la
langue).
Ma déglutition primaire peut être simplement un manque
d'évolution psychomotrice.
Mon interposition postérieure constante peut être une
source de dysmorphoses multiples. D'abord je m'oppose à l'éruption complète des
dents, et à chaque déglutition, au lieu de favoriser l'expansion du maxillaire
par mon appui sur les piliers postérieur, mes muscles effectuent une traction
interne sur les dents et les maxillaires qui peut provoquer une inversion des
rapports des secteurs latéraux (lorsque les dents maxillaires se trouvent à
l'intérieur des dents mandibulaires).
Mon action n'assure pas la libération des sinus maxillaires
ce qui entretient une obstruction nasale permanente qui vient renforcer la
désocclusion dentaire et labiale par une ventilation buccale.
Ma synergie avec les buccinateurs et les lèvres se trouve
aussi contrariée. Les buccinateurs et les lèvres se contractent renforçant la
pression sur le maxillaire et les dents.
Figure 17 : Mimique d'une interposition postérieure
Il existe parfois une contraction des muscles de la houppe
du menton et l'abaissement de la mandibule par mon interposition modifie
l'orientation de la force des masséters et favorise une croissance de la
mandibule en rotation antérieure de Björk.
Figure 18 : la forme de la mandibule, par les tensions musculaires
engendrées par mon interposition, aura tendance à être carrée et la face sera
plutôt en hypodivergence.
la pulsion
Ma position antérieure commence avec la succion d'un objet
ou du pouce qui facilite l'apparition d'une béance dentaire antérieure. Je me
place à côté de l'objet pour assurer la fermeture de la cavité buccale. Quand je
dis à côté il s'agit de bien comprendre que je vais occuper l'espace que veut
bien me laisser l'objet intrus. En effet selon la forme et le volume de l'objet
(et ils sont nombreux : tétine, pouce, doudou, couple de deux doigts etc.), je
vais devoir prendre une position latérale, inférieure ou supérieure.
Généralement l'objet se trouve appuyé sur le palais et effectue une traction sur
le secteur antérieur dentaire et palatin.
Ma position et l'objet favoriseront la création d'une
béance du secteur antérieur dentaire et labial accompagnée d'une promaxillie
(croissance antérieure anormale du maxillaire) ou d'une rétromandibulie par
manque de croissance mandibulaire..
La présence d'un objet favorise une extension céphalique et
cervicale qui favorise l'ouverture buccale. Celle-ci sera différente de
l'ouverture buccale liée à l'interposition postérieure. Dans ce dernier cas la
mandibule descendait verticalement, suspendue à ses ATM. Ici la mandibule se
trouve en rotation avec une angulation similaire au mouvement d'ouverture
buccale.
Figure 19 : Mimique d'une pulsion.
L'effet sur la croissance crânio-faciale est aggravé aussi
par la modification de la forme de l'insertion du masséter sur la branche
horizontale de la mandibule. Il y aura tendance sera l'hyperdivergence.
Figure 20 : l'insertion du masséter sur le gonion et la branche horizontale
de la mandibule est moins large et l'orientation des fibres différentes.
Cette position modifiera la position labiale. La lèvre
supérieure peut présenter une rétraction. Cette position est très gênante pour
le traitement orthodontique et pour la correction de ma fonction. En effet ma
synergie avec les muscles labiaux se trouve compromise et j'éprouve, alors,
beaucoup de difficulté à me positionner pour déglutir. Il faudra conjuguer nos
efforts pour créer une occlusion dentaire et labiale afin que je récupère une
posture et une fonction normale.
Ma pulsion pourra être entretenue par une posture
céphalique en extension sur le rachis cervical. Cette posture entraîne
systématiquement un recul de la mandibule et la tension des muscles antérieurs
du cou a tendance à s'opposer à une fermeture de la bouche. Le recul de la
mandibule et la béance occlusale et labiale m'obligent alors à effectuer ma
déglutition avec une position antérieure dite en pulsion. Je participe alors à
une croissance faciale anormale orientée vers une hyperdivergence.
la langue basse
Enfin il m'arrive de devoir me positionner en bas, plaquée
sur plancher buccal, ma pointe se trouvant derrière les incisives mandibulaires.
Je peux me trouver dans cette position si mon frein est trop court et ne laisse
pas de liberté à ma pointe. Mais aussi en cas de malocclusion labiale, moindre
que celle qui me met en pulsion, alors que je peux bénéficier d'une occlusion
dentaire avec un secteur antérieur clos.
Cette position anormale se trouve souvent chez des petits
respirateurs buccaux qui entre ouvrent les lèvres. Ma position est aussi
influencée par la position céphalique sur le rachis cervical. Une flexion a
tendance à envoyer la mandibule vers l'avant et à me positionner en bas dans la
cavité buccale.
je pousse sur le secteur antérieur de la mandibule et il y
a une stimulation de la croissance mandibulaire au détriment de celle du
maxillaire. Je peux donc être responsable de certaines prognathies.
Figure 21 : Dans la déglutition avec langue basse, les lèvres sont souvent
entre ouvertes.
Figure 22 : La langue basse s'intercale dans les édentations lactéales,
s'oppose à l'éruption des dents définitives et favorise la croissance
mandibulaire.
l'association de mes dysfonctions
Il m'arrive d'associer des dysfonctions soit par habitude
soit par obligation. Certaines postures associées à des modifications de la
qualité de mon espace sont à l'origine de ces associations. Mais, à chaque fois,
ces combinaisons ne sont que le résultat de mes apprentissages successifs pour
compenser les positions dynamiques et les postures qui me sont imposées.
les stades de mes dysfonctions
En fonction des difficultés que j'ai pour assurer mes
fonctions et des adaptations que j'ai mises en place pour fonctionner, il s'est
formé des tensions et des contractures musculaires anormales qui entravent le
retour à une fonction normale. Il est intéressant de mesurer le degré de
difficulté que je vais avoir pour retrouver une fonction normale. Nous avons
établi une classification en trois stades. Elle en vaut une autre, mais elle a
le mérite d'être rapide et de permettre, en même temps de constater l'effet de
la correction de ma fonction sur l'équilibre de la mandibule et sur la posture.
la technique
Elle consiste à placer mon environnement immédiat (dents –
lèvres) dans la position physiologique de la déglutition salivaire normale et à
maintenir cette position au cours du mouvement.
Pour cela le praticien demande au sujet de serrer les dents
(position d'occlusion normale) et de joindre les lèvres (sans de les serrer). Il
maintient fermement la position par une main placée sur le sommet du crâne et
l'autre sur la pointe mentonnière de manière interdire toute désocclusion au
moment de la déglutition.
Figure 23 : Position du test de déglutition. (J.M. Landouzy)
Si ma fonction est normale j'accomplis facilement et
spontanément ma déglutition. Par contre si ma fonction est perturbée je vais
éprouver des difficultés à accomplir une déglutition salivaire dans cette
position.
Stade 1
Au moment de déglutir il se produit une hésitation, un
arrêt bref. Il faut que je place mes appuis pour fonctionner et cela va me
demander un court instant. Cependant je vais y arriver sans trop de peine.
Stade 2
Malgré ma bonne volonté je n'arrive pas, spontanément, à me
positionner. Je vais bien essayer de modifier mon espace mais il est fixé par
les mains du praticien. Il me faut donc installer une autre compensation et pour
cela je vais adapter la position de la tête et du rachis cervical. Ma
déglutition s'accompagne d'un mouvement de flexion – extension de la tête.
Cette observation est importante à retenir car le mouvement de la tête
interviendra dans la correction ostéopathique de la déglutition.
Stade 3
Je n'arrive pas à déglutir dans cette position. Même en
modifiant la posture céphalique et rachidienne, je ne peux pas me positionner
pour déglutir dans cette position. Je vais solliciter tous les muscles pour
essayer d'ouvrir mon espace (dents surtout et lèvres ensuite) mais rien à faire.
On m'a enfermé et j'ai dépassé mes possibilités d'adaptation.
les corrections de mes dysfonctions dynamiques et anomalies de posture
J'ai été et je suis encore la victime de tous ceux qui
veulent me contraindre par tous les moyens possibles à me positionner
selon leurs critères.
On a inventé maints appareillages pour m'obliger à changer
ma fonction et ma position. Certains ont été sévères voir un peu sadiques, comme
le "pique langue" installé sur la face linguale des dents et destiné à me
blesser pour me faire reculer. Je ne vais pas citer ici tous les sévices que
j'ai subis. Simplement je constate que la plupart des appareillages avaient pour
but de me contraindre à reculer. Il fallait taper sur ma pointe pour me
repositionner dans la cavité buccale.
Ensuite on a essayé de me "rééduquer" et pour cela on a
multiplié les exercices à accomplir pour m'inculquer un nouveau mode de
fonctionnement. Il faut que mon "utilisateur" me place dans la bonne position de
fonction et que j'apprenne à m'y tenir.
Il n'est pas dans mon propos de développer les multiples
contraintes que j'ai subies au nom d'une fonction et d'une posture normale; Bien
peu ont essayé de développer une approche holistique en m'incorporant à
l'ensemble de la tête et du rachis cervical. Je vais essayer de me faire
comprendre.
Les corrections de mes dysfonctions et anomalies posturales
passent d'abord par la mise en condition de la cavité buccale pour que mes
appuis et mes fixations musculaires et osseuses soient conformes à ma fonction.
A ce titre l'élocution et la déglutition ne peuvent s'accomplir normalement que
si les conditions physiologiques en sont remplies.
L'élocution d'une personne présentant une fente palatine
est bien particulière et aucune rééducation phoniatre ne sera capable
d'installer un élocution normale tant que le fente palatine sera présente.
Il en va de même pour ma déglutition salivaire.
Les conditions primordiales de ma fonction normale sont
doubles :
1.
Les dents serrées avec un recouvrement incisivo-canin assurant la
fermeture de mon espace intra buccal "solide"
2.
Une occlusion labiale (sans serrement). D'autres conditions existent,
mais sont moins impératives.
Elles font partie des éléments à mettre en place pour
assurer la pérennité de la correction de ma fonction. Mais il faudra prendre en
compte aussi la posture générale du corps et plus particulièrement les postures
céphaliques et cervicales.
la correction ostéopathique de la déglutition salivaire
Dans cet article est décrit la
technique de correction ostéopathique de la déglutition a été mise au point par
J.M. Landouzy.
Cette partie est en copyright et ne peut être utilisée qu'avec l'autorisation
expresse et écrite de JM Landouzy.
technique ostéopathique de
correction de la dyspraxie linguale.
déterminer
les étapes de correction
Un bilan postural statique et dynamique rapide permet de
constater les anomalies posturales globales du sujet présentant une déglutition
"primaire" ou "infantile". L'examen se fera sur les plans sagittal et frontal.
Rechercher les hyperlordoses lombaires et cervicales puis la mobilité de la tête
et du rachis cervical : extension et flexion globale. Le sujet est-il limité
dans la flexion (le menton ne peut toucher le sternum) ou en extension (elle
peut être limitée par une douleur) ?.
En cas de lordose lombaire il faut commencer par réduire la
lordose lombaire pour réduire la lordose cervicale ou la projection du tronc et
de la tête en avant. C'est pour cette raison que le traitement commence par une
technique intéressant le sacrum.
technique sacrée
C'est un préambule au traitement et il est destiné aux
sujets présentant une hyperlordose lombaire. Elle consiste à tracter le sacrum
en le faisant basculer pour étirer muscles et ligaments, pour cela l'ostéopathe
glisse la main sous le bassin du sujet placé en décubitus dorsal. Le sacrum
repose alors dans sa main et les doigts se fixent sur le bord supérieur du
sacrum pour effectuer une traction caudale, synchrone d'une inspiration qui
renforce l'action manuelle.
Figure 24 : Photo la première partie de la technique sacrée. (J.M. Landouzy)
Figure 25 : Schéma de l'action de la manipulation sur le sacrum.
Après quelques mouvements respiratoires accompagnés de
traction, le sujet effectue un triple retrait des membres pelviens en ramenant
les genoux vers le menton. Le mouvement est accompagné par le praticien pour
renforcer la correction.
Figure 26 : Deuxième partie du traitement du sacrum. Le triple retrait des
jambes sur le thorax. (J.M. Landouzy)
techniques de la position cervico-occipitale et de l'os hyoïde
Préambule
Ces techniques s'utilisent en alternance et se succéderont
jusqu'à ce que je sois en mesure d'effectuer une déglutition salivaire normale
(dents serrées et lèvres jointes). En général elles sont répétées 3 à 4 fois en
alternance. Mais rien n'empêche de les répéter un nombre supérieur de fois.
Technique cervico-occipitale
La technique cervico-occipitale est différente selon la
position de la mandibule. Si celle-ci est en avant il faut remettre la posture
céphalique en arrière et inversement. Elle consiste essentiellement à effectuer
les corrections de tensions musculaires à partir de contractions isométriques
suivies d'un relâchement qui permet d'augmenter l'amplitude du mouvement.
Si la position de la tête est en extension il faut placer
la tête en flexion, comme si on voulait mettre la pointe mentonnière en contact
avec le sternum. Lorsque la position est maximale, la maintenir et demander au
sujet une contraction visant rejeter la tête en arrière. La tête ne doit pas
bouger pendant la contraction. Au bout de quelques secondes, demander au sujet
de relâcher la contraction et pousser la tête un peu plus en flexion.
Figure 27 Position de la tête pour une extension cervicale. (J.M. Landouzy)
Si la tête est en flexion, il faut positionner la tête en
extension sur le rachis cervical, la maintenir pour obtenir un relâchement.
Figure 28 : Premier (passif) temps de la correction de la flexion cervicale.
(J.M. Landouzy)
Changer les mains de positon : une mains occipitale pousse
le sommet de la tête caudalement tandis que l'autre main maintient le menton. Le
sujet tente de fléchir la tête en poussant sur la main mentonnière qui résiste.
Chaque contraction est suivie d'un relâchement qui permet de gagner en extension
céphalique.
Figure 29 : Deuxième temps (actif) de la correction de la flexion cervicale.
(J.M. Landouzy)
Les ostéopathes peuvent aussi effectuer des manipulations
si quelques dérangements intervertébraux s'opposent au mouvement. Mais, le plus
souvent, cela n'est pas nécessaire.
Après trois séries de contractions, passer à la correction
de l'os hyoïde.
Technique de l'os hyoïde
L'os hyoïde est mon insertion inférieure. Après avoir
traité mes insertions postérieures par la position céphalique et cervicale il
est indispensable de repositionner ma base.
Pour équilibrer sa position par rapport au crâne il faut
effectuer une traction céphalique sur la base de l'occiput avec une main tandis
que l'autre s'appuis sur le sommet du sternum.
Demander une inspiration costale, en même temps que la main
céphalique renforce sa traction et la maintient puis une expiration au cours de
laquelle la main sternale accompagne l'abaissement de la cage thoracique. A la
fin de l'expiration la main sternale maintient sa pression sur le sternum et le
sommet de la cage thoracique tandis que le sujet effectue une nouvelle
inspiration contre la résistance de cette main et que la main céphalique
renforce encore sa traction.
La correction s'effectue pendant 3 à 4 cycles
respiratoires.
Figure 30 : position des mains pour la technique de correction de l'os
hyoïde. (J.M. Landouzy)
L'ensemble des corrections posturales sacrées, céphaliques
et hyoïdienne s'exprime sur le schéma ci-dessous.
Ces corrections permettent à la langue de retrouver une
position normale.
Figure 31 : Schéma global de la correction ostéopathique (Benoît Delattre)
les flèche indique les forces de corrections appliquées par le traitement
ostéopathique pour corriger les tensions musculaires qui s'opposent à ma
fonction correcte.
COMPORTEMENT LINGUAL AVANT ET APRES LA CORRECTION OSTEOPATHIQUE DE LA
DEGLUTITION
Nous avons réalisé un film en radio cinéma (au C.H.R.U. de Lille) qui montre
bien comment la pulsion linguale induit un déséquilibre mandibulaire, sous forme
d'un mouvement de boiterie latérale à chaque déglutition salivaire.
Cette anomalie mécanique disparaît totalement après la correction ostéopathique
de la déglutition salivaire.
Ce film est la
propriété exclusive de l'auteur de cet article.
Il ne peut être utilisé
par qui que ce soit à quelques fins que ce soit. Il bénéficie d'un copyright.
LANGUE_fichiers\radiocinema.mpg
CONCLUSION
A la fin du traitement ostéopathique je suis parfaitement
capable d'effectuer une déglutition salivaire normale, dents serrées et lèvres
jointes. Un nouveau test réalisé après la correction confirmera que je peux
déglutir la salive normalement et que ma pointe se place bien spontanément
sur la papille rétro-incisive maxillaire.
La pérennité de cette correction est-elle assurée ?
Non, ce serait miraculeux et incroyable. Il ne faut pas
oublier que ma nouvelle fonction doit s'inscrire dans mon système de contrôle
réflexe. Il faudra donc passer par une phase d'apprentissage volontaire pour que
le réflexe prenne le relais.
Les conditions de pérennité de la correction sont liées à :
1.
L'élimination de toute succion d'objet
2.
La présence des conditions de déglutition salivaire normale
a.
Occlusion dentaire parfaite
b.
Occlusion labiale facile
c.
Respiration nasale
3.
Une posture générale du corps compatible.
Normalement le praticien répète ce traitement trois fois à
un mois d'intervalle, lorsque mon environnement est favorable au maintien de mon
acquisition. Il est recommandé de demander au sujet d'effectuer un exercice bi
quotidien (matin et soir). :
Prendre une demi cuillère à café (volume salivaire) d'un
liquide, le mettre en bouche et avaler en maintenant les dents serrées et les
lèvres jointes sans jamais s'occuper de me positionner. En effet placée
dans des conditions normales et avec des insertions libres, je me positionne
parfaitement dans la cavité buccale. Répéter cet exercice pendant 2 à 3 minutes.
Deux avantages
à la pratique de cet exercice :
1.
Entretenir un éveil attentif à la déglutition salivaire pour en permettre
l'inscription dans mon système réflexe.
2.
Maintenir les corrections posturales et musculaires qui m'ont permis
d'acquérir une fonction normale.
En effet lorsque la dyspraxie linguale est de stade 1, le
traitement n'est pas forcément obligatoire. Le simple fait de me faire pratiquer
cette déglutition une ou deux fois me permet de me positionner correctement.
Par contre si mon environnement présente une ou des
anomalies qui ne me permettent pas de maintenir la correction, il faudra
l'entretenir par une répétition de celle-ci jusqu'à ce que les conditions soient
remplies. Une image employée par J.M. Landouzy avec les orthodontistes s'exprime
par les mots suivants : "je tiens la langue tant que vous fermez la béance".
CONCLUSION
Voilà ce que j'avais à vous dire sur ma vie à l'intérieur
de la cavité buccale. Je suis une "bonne fille" et prête à tout pour remplir ma
mission. D'ailleurs en voyant tout ce qu'on m'a déjà fait subir pour me
"dresser" sans que je me rebelle vraiment, on peut conclure en me reconnaissant
des facultés fantastiques d'adaptation.
Il s'avère que je voudrais me sentir enfin comprise et que
la technique que je viens de vous exposer par l'intermédiaire de mes traducteurs
me convient parfaitement et donnera à ceux qui vont la pratiquer des résultats
faciles aussi bien pour les praticiens que pour les patients.
Je pense vous donner, prochainement, plus de renseignements
sur les traitements des obstacles à la pérennité de ma correction et sur mon
influence naturellement réciproque, non plus sur la croissance crânio-faciale
que nous avons vue, mais sur la posture et les articulations
temporo-mandibulaire.
les rééducations orthophoniques et kinésithérapiques et les appareillages
orthodontiques
Faut-il alors rejeter tout ce qui a été réalisé à ce jour
pour corriger la posture linguale de repos et la déglutition salivaire ?
Bien sur que non. Aucune technique n'est universelle. Il
faut simplement harmoniser les différents traitements afin qu'ils se complètent
et s'intègrent dans une technique holistique.
La médecine est une science des pannes, celles de
l'organisme humain…
Mais si le médecin est un dépanneur, rien de plus, rien de moins,
il est le dépanneur d'une machine dont il ne possède pas les plans.
(Lucien Israël)
En recomposant les plans de la machine il est plus facile
de la dépanner.
La technique ostéopathique est très utile dans beaucoup de
cas sévères de dyspraxie linguale. Elle peut être accompagnée d'une rééducation
orthophonique ou kinésithérapique qui devra, et c'est la chose importante, tenir
compte de la physiologie développée dans cet exposé.
En effet tout ce qui est en dehors des règles
physiologiques est voué à un échec à plus ou moins longue échéance.
En ce qui concerne les appareillages il faut qu'ils
respectent mon espace. Il est inutile d'entreprendre une correction de la
déglutition avec des appareillages qui me contraignent et m'obligent à
développer une adaptation.
La kinésithérapie pourra en plus compléter l'action
ostéopathique sur la posture générale du corps.
conclusion generale
La contribution ostéopathique à la correction de la
dyspraxie linguale et la rapidité avec laquelle nous pouvons la mettre en place
est un atout majeur pour les enfants qui ressentent, immédiatement, dans leur
corps ce que nous leur demandons. De plus elle a permis de mettre en évidence
l'action de la déglutition salivaire sur la posture générale du corps,
l'obstruction nasale permanente et les articulations temporo-mandibulaires.
La Médecine Traditionnelle Chinoise nous dit que
l'articulation la plus haute qui gouverne les autres. C'est-à-dire
l'articulation temporo-mandibulaire. Nous avons effectué un radio cinéma de la
déglutition salivaire avant et après correction ostéopathique qui a permis de
démontrer l'action de la langue dans la dysfonction temporo-mandibulaire. Il est
nécessaire de développer les facteurs posturaux et fonctionnels qui favorisent
ou entretiennent la dyspraxie linguale.
Mais ceci est une autre histoire
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